Auteur(s) : Docteur Emilie Medeiros, Docteur David M.R. Orr et Jasmine Van Deventer
Organisation affilé : International Medical Corps
Type de publication :Rapport
Date de publication: Décembre 2015
Lien vers le document original: internationalmedicalcorps.org
*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
Les femmes et les enfants guinéens forment des groupes particulièrement vulnérables qui présentent des taux de morbidité et de mortalité élevés. Le taux de mortalité maternelle s’élevait à 724 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2012 et le taux de mortalité infantile s’élevait à 67 décès pour 1 000 naissances vivantes. Ces décès sont pour la plupart dus à des maladies infectieuses transmissibles comme le paludisme, le VIH ou la tuberculose pour lesquelles il demeure difficile d’accéder à un traitement.
La méningite, la fièvre jaune, la rougeole et le choléra sont les maladies qui se sont montrées les plus dangereuses en Guinée ces dernières années. Au cours du premier trimestre 2014, la Guinée du Sud est devenue l’épicentre d’une épidémie de fièvre hémorragique Ebola qui a frappé l’ouest de l’Afrique de pleine force, donnant le statut de priorité de santé publique à ces maladies. D’après un recensement de 2001, 55 000 personnes âgées de 15 à 49 ans dans le pays étaient porteuses du VIH, ce qui se traduisait par un taux de prévalence global de 1,5 % chez les adultes en 2000.
Des études considèrent que le manque d’informations concernant les modes de transmission constitue un facteur important qui contribue à de tels taux et se traduit par l’émergence de fausses croyances et d’idées concernant les risques qui aggravent la susceptibilité aux infections. Les maladies chroniques comme le diabète affectent maintenant la population de façon significative également. 3,5 % de la population adulte souffre de diabète. Les citadins sont deux fois plus susceptibles de contracter la maladie que les personnes vivant dans les zones rurales.
Le système de santé officiel opère via un cadre pyramidal intégré au système administratif plus large du gouvernement. Le Ministère de la Santé conçoit les politiques sanitaires et attribue des fonds centraux aux administrateurs régionaux. Ceux-ci font alors appliquer la politique centrale à l’échelle régionale. Intervient ensuite l’administration sanitaire préfectorale dont le rôle est similaire à celui du district sanitaire de l’OMS et qui opère dans les centres médicaux des villages.
Depuis les années 1980, les soins de santé primaires sont en effet devenus un point central de la politique gouvernementale. Les centres de santé des villages sont accessibles pour 90 % de la population et couvrent 75 % des coûts des soins de santé de la population. Ils font partie du système de santé préfectoral cité en amont et représentent la principale source de soins pour les personnes qui vivent en dehors de la capitale. Les administrateurs tentent de recouvrir les coûts de fonctionnement des centres de santé en faisant payer les services de soins curatifs.
La politique de santé mentale et le plan national guinéen ont d’abord été formulé en 1995, puis ils ont été développés plus en profondeur, en 2000 et 2013. Les principes du plan national sont la mobilisation, la promotion, la prévention, le traitement et la réhabilitation
Les ONGs jouent également un rôle significatif en fournissant des ressources à ces centres de santé, comme du personnel, des infrastructures et un accompagnement à l’offre de soins. Les médicaments et les traitements ayant majoritairement été supprimés des dépenses publiques, des marchés officieux, non-étatiques ont émergé sous la forme de pharmacies privées dans les rues des villes et de vendeurs (« table-top sellers »)dans les marchés urbains et ruraux qui fournissent des produits médicamenteux biomédicaux et non-biomédicaux. Parmi ces agents de santé officieux, on trouve des praticiens de la médecine islamique, des herboristes ainsi que des guérisseurs locaux vénérés pour leur expertise spécifique et leur capacité à exercer des thérapies peu orthodoxes.
La politique nationale de la Guinée sur la médecine traditionnelle et la médecine douce datent de 1994. Des organismes officiels existent afin de soutenir, de gérer et de contrôler les pratiques de guérison traditionnelles. Un Département de Médecine Traditionnelle (DMT) existe au sein du Ministère de la Santé guinéen et collabore avec les guérisseurs traditionnels sur les soins de santé primaires depuis 1979.
La politique de santé mentale et le plan national guinéen ont d’abord été formulé en 1995, puis ils ont été développés plus en profondeur, en 2000 et 2013. Les principes du plan national sont la mobilisation, la promotion, la prévention, le traitement et la réhabilitation. Son organisation est basée sur la décentralisation et sur l’intégration des services de santé mentale au sein des soins de santé primaires. Les services et ressources de santé mentale devaient en effet être transférés des hôpitaux vers des infrastructures communautaires et fournir, entre autres, des services à l’attention des enfants et des adolescents en situation de handicap.
Il n’existe pas de législation spécifique sur la santé mentale en Guinée. À la place, celle-ci est incorporée à la législation plus générale sur la santé avec un chapitre dédié qui spécifie les dispositions relatives à la prévention, à la protection et au traitement (Chapitre 11, article 2009-221, Code de la santé publique, République de Guinée), promulgué en 1997. Les mesures concernant la santé mentale sont absentes des autres législations existantes (par ex. : aide sociale, handicap, santé générale).
Il n’est pas possible de se spécialiser en médecine psychiatrique en Guinée et les 5 psychiatres dans le pays ont tous étudiés leur spécialité en Cote d’Ivoire
Une liste nationale des médicaments essentiels (LNME), issue de la liste des médicaments essentiels l’OMS, est utilisée dans le pays. La liste comprend des psychotropes ainsi que des anticonvulsivants/ antiépileptiques. Les médicaments recommandés au niveau des soins de santé secondaires sont : la carbamazépine, le phénobarbital, la phénytoïne sodique, l’amitriptyline, la chlorpromazine, le diazépam, la fluphénazine, l’halopéridol et le carbonate de lithium. Parmi ces médicaments, seuls le phénobarbital, la chlorpromazine et le diazépam sont disponibles au niveau des soins de santé primaires. Ces médicaments sont chers et très souvent non-disponibles, ce qui pousse les patients et leurs familles à acheter des médicaments moins chers, mais non autorisés, qui sont disponibles sur les marchés locaux.
Les psychiatres et les médecins généralistes peuvent prescrire des médicaments de la liste ci-dessus, mais le carbonate de lithium ne peut être prescrit que par les psychiatres. Les médecins de soins de santé primaires et les infirmières peuvent prescrire et/ou renouveler les prescriptions de médicaments psychotropes dans certaines conditions. Toutefois, le Ministère de la Santé n’autorise pas les infirmières de soins de santé primaires à procéder elles-mêmes à des diagnostics et à traiter des maladies mentales dans le contexte des soins de santé primaires.
Il y a peu de formation disponible sur le sujet pour les divers professionnels impliqués dans le domaine de la santé mentale. Par exemple, la majorité des infirmières et des médecins de soins de santé primaires n’ont pas suivi aucune forme de formation interne au cours des cinq dernières années, toutefois l’OMS y remédie actuellement par le biaise de la formation au Guide d’intervention mhGAP mentionné auparavant. Les procédures officielles de transferts entre les soins de santé tertiaires/secondaires et primaires manquent également. Il n’est pas possible de se spécialiser en médecine psychiatrique en Guinée et les 5 psychiatres dans le pays ont tous étudiés leur spécialité en Côte d’Ivoire.
Commenter