Auteur : Direction Nationale des Etudes Economiques et de la Prévision (DNEEP)
Organisation affiliée : Ministère de l’Economie et des Finances de la Guinée
Type de publication : Etude
Date de publication : 22 octobre 2020
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Contexte et méthodologie de l’étude
La situation socioéconomique de la Guinée de ces dernières années est marquée par un recul de la pauvreté. En effet, selon les résultats de l’Enquête harmonisée sur les Conditions de Vie des Ménages de 2019 (EHCVM-2019) en cours de validation, le taux de pauvreté est évalué à 41,82% contre 55,2% en 2012. Toutefois, cette baisse dissimule des fortes disparités entre régions. L’incidence de la pauvreté est beaucoup plus accentuée dans les régions de Kindia (59,66%), Labé (59,23%) et Faranah (57,29%) par rapport aux régions de Conakry (18,07%), Kankan (31,09%) et Mamou (40,89%). En plus des disparités régionales, la pauvreté semble être un phénomène rural car, son incidence est de 53,12% en milieu rural contre 21,29% en milieu urbain.
La croissance économique, est estimée à 5,6% en 2019. Celle-ci est impulsée principalement par l’augmentation de la production agricole et l’expansion des activités extractives et de construction. Les recettes fiscales exprimées en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) sont passées de 15,2% en 2018 à 16,5% en 2019, soit une augmentation de 1,3 point de pourcentage grâce à l’accroissement des recettes sur les produits pétroliers et des recettes sur le commerce international.
L’objectif principal de la présente étude est de contribuer à évaluer l’impact de la pandémie à Covid-19 sur l’Economie guinéenne et d’élaborer une stratégie de lutte contre la maladie. A cet effet, l’étude propose des recommandations de mesures et actions pertinentes de mitigation des effets de la crise de COVID-19 sur les ménages, les secteurs sociaux et productifs en lien avec les préoccupations de lutte contre la pauvreté, préservation de l’emploi et réduction des inégalités.
Deux approches ont été utilisées pour évaluer l’impact de la covid-19 sur l’Economie Guinéenne à savoir : la réalisation d’une enquête quantitative et l’approche macroéconomique.
Trois échantillons ont été tirés sur la base d’un tirage systématique à probabilité d’inclusion inégale. A savoir : l’échantillon des ménages, des entreprises formelles et celui des entreprises informelles.
La taille de l’échantillon est de 4 215 ménages. La taille prévue des entreprises informelles est de 222 unités de production informelles sur 2 868 (7,7%) dont 22 de remplacement. La base de données de la comptabilité nationale provenant de la Direction Nationale des impôts a servi de base de sondage pour tirer l’échantillon des entreprises formelles. Sur 400 entreprises, 200 ont été tirée avec un taux de réponse de 82,5%.
Impact de la COVID-19 sur les ménages
En dépit d’une large campagne de communication faite par le gouvernement et ses partenaires, 1,5% des ménages dit n’avoir pas entendu parler de la covid-19 lorsque la question « avez-vous entendu parler de coronavirus » a été posée aux répondants.
Au cours de l’enquête, la question sur le statut d’occupation des ménages avant et pendant l’apparition de la maladie a été posée aux chefs de ménages. 77,5% des ménages effectuaient un travail rémunéré contre 22,5%. Cependant, la proportion du travail rémunéré a beaucoup baissé sous la période de la covid-19. Elle est passée de 77,5% avant l’épidémie à 50% pendant la maladie, soit une diminution de 27,5 points de pourcentage.
Au niveau national, 43,5% de cessation de travail des ménages est dû à l’arrêt des activités, 19,7% à la maladie autre que coronavirus, 16,3% au travail saisonnier et 7,7% à la réduction du personnel.
La réduction des effectifs au travail a eu des répercussions sur la rémunération des employés au sein des entreprises. Il ressort des résultats que 34,2% des ménages reçoivent un salaire intégral et 17,2% reçoivent un salaire partiel. Cependant, 48,6% des ménages ne reçoivent pas de salaire à la suite de l’arrêt du travail.
La proportion du travail rémunéré a beaucoup baissé sous la période de la covid-19. Elle est passée de 77,5% avant l’épidémie à 50% pendant la maladie, soit une diminution de 27,5 points de pourcentage
L’exploitation des entreprises familiales constituent une source de revenu mais aussi un moyen d’amélioration de condition de vie des ménages. Au niveau national, 25,3% des ménages déclarent avoir exploité une entreprise familiale depuis l’apparition de coronavirus contre 74,7% qui disent le contraire.
Les revenus des entreprises familiales n’ont pas été épargnés par les effets négatifs de la pandémie. 61,7% des ménages propriétaires d’entreprises familiales ont déclaré avoir constaté une baisse de revenu, 11% qui ont déclaré une amélioration de leur revenu et 21% ont déclaré n’avoir pas constaté de variation.
Les mesures d’atténuation de l’impact de la pandémie sur les ménages passent par l’accompagnement de ces derniers en matière de revenu. Les résultats de l’enquête montrent une baisse de 10 à 30% pour 29% des ménages ; de plus de 30% à 50% pour 31% ; et de plus de 50% pour 30%
A la question « pourquoi les revenus de votre entreprise familiale ont-ils été inférieurs à la normale », 21,6% des chefs de ménages déclarant avoir constaté une baisse de revenu ont répondu ne pas pouvoir se déplacer ou transporter les produits, 20,2% ont avancé comme raison, la fermeture des établissements liée à l’apparition de coronavirus et 17,7% ont eu pour raison l’absence de client.
Les mesures d’atténuation de l’impact de la pandémie sur les ménages passent par l’accompagnement de ces derniers en matière de revenu. Les résultats de l’enquête montrent une baisse de 10 à 30% pour 29% des ménages ; de plus de 30% à 50% pour 31% ; et de plus de 50% pour 30%.
Impact de la COVID-19 sur l’activité des entreprises en Guinée
Le secteur d’activité majoritaire des entreprises informelles reste les services (transport, commerce, prestation de service/transfert d’argent) avec un poids avoisinant 40% de l’ensemble des activités économiques.
Les résultats de l’enquête montrent que plus d’un tiers (38,4%) des entreprises ont subi l’effet immédiat de la crise sanitaire. Plus précisément, 10,9% des entreprises déclarent qu’elles ont fermé définitivement et 27,5% ont fermé temporairement à cause de la covid-19.
Sous l’effet de la crise sanitaire, les unités informelles ont enregistré des baisses dans leurs activités. En effet, d’après les résultats de l’analyse, 91,5% des promoteurs des UPI [Unités de Production Informelles] déclarent avoir constaté une baisse de leur chiffre d’affaires depuis l’apparition de COVID-19.
La covid-19 constitue un choc pour l’activité économique de façon générale. A la question « dans combien de temps votre niveau de trésorerie actuelle peut-il permettre à votre établissement de faire face à ses dépenses d’exploitation courantes », 42,7% des responsables des UPI ont répondu que leurs trésoreries sont en déficit contre 45% de ceux des UPI qui pourront résister de 1 à 3 mois.
La pandémie a eu des répercussions sur l’activité des UPI. Au niveau national, 69,7% des UPI ont rencontré des difficultés dans l’exécution de leurs opérations quotidiennes par manque de liquidité.
A la question « avez-vous réduit le nombre d’employés pendant cette période de Covid-19 », 25,9% des entreprises du secteur informel ont déclaré avoir réduit leur personnel.
Il ressort des résultats de l’enquête que 81% des entreprises formelles ont été négativement affecté par la crise Covid-19. En effet, 30 % des établissements ne fonctionnent qu’à hauteur de 25 % du rythme habituel, 22 % sont en cessation temporaire d’activités et 4 % ont définitivement interrompu toutes activités. Il faut toutefois noter que certaines entreprises parviennent à tirer leur épingle du jeu avec un taux de fonctionnement de 100% voire plus (5% de l’échantillon).
Les résultats de l’enquête montrent que plus d’un tiers (38,4%) des entreprises ont subi l’effet immédiat de la crise sanitaire. Plus précisément, 10,9% des entreprises déclarent qu’elles ont fermé définitivement et 27,5% ont fermé temporairement à cause de la covid-19
Selon l’analyse des données, 40 % des entreprises formelles sondées déclarent s’appuyer davantage sur les technologies numériques/téléphone depuis le début de la pandémie.
Ainsi, 37 % des entreprises enquêtées prévoient des changements dans l’effectif du personnel d’ici la fin de l’année. Selon ces prévisions, 42 % des répondants auront recours aux congés techniques, 27 % à un arrêt de travail et 18 % au licenciement. Il est à noter qu’en préparation de la reprise des activités, près de 25 % des établissements anticipent un renforcement de l’effectif du personnel.
Seul 10% des entreprises formelles déclarent avoir bénéficié des mesures gouvernementales de soutien au secteur privé
Près de 9 entreprises formelles sur 10 estiment que leur chiffre d’affaires pour cette année en cours va relativement diminuer par rapport aux prévisions.
Les entreprises formelles enquêtées ont été majoritairement affectées par les perturbations subies par les importations à destination de Conakry (54 %) et des régions intérieures et rurales (48 %). Du fait de ces perturbations, les entreprises de biens de consommation et de vente au détail sont exposées à un risque financier plus élevé que la normale, surtout celles ayant recours aux marchandises en provenance de Chine.
Seul 10% des entreprises formelles déclarent avoir bénéficié des mesures gouvernementales de soutien au secteur privé. À l’instar de nombre d’autres pays, la Guinée a déclaré l’état d’urgence et édicté des mesures fortes pour contenir la propagation de la pandémie et préserver la santé publique du pays.
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