Guinée, Document de stratégie pays 2018-2022, Banque africaine de développement

Guinée, Document de stratégie pays 2018-2022, Banque africaine de développement

Auteur : Groupe de la Banque africaine de développement

Type de publication: Rapport

Date de publication: Septembre 2018

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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.

 

La survenue de la maladie à virus Ebola (MVE) a entraîné la chute du taux de croissance de 5,9% en 2012 à 3,8% en 2015 mais la reprise économique a été forte en 2016 et 2017. Grâce aux efforts de relance économique après l’épidémie de la MVE et aux bonnes performances du secteur minier, le PIB de la Guinée s’est fortement accru au taux de 10,5% en 2016 et 8,2% en 2017 (Graphique 2). Ce taux de croissance devrait évoluer entre 5,3% et 5,8% sur la période 2018-2022, soutenu principalement par les réformes mises en œuvre pour améliorer l’environnement des affaires et la gouvernance dans les industries extractives d’une part et le soutien à la modernisation de l’agro-business et une meilleure disponibilité de l’énergie d’autre part.

Le pays est caractérisé par une faible transformation de son économie. En 2016, les services ont contribué pour 45% au PIB du pays (voir graphique 3) et fournissent 34,3% de l’emploi total. Les activités industrielles ont généré 31% du PIB, comparé aux 20% pour l’agriculture. Ces deux secteurs fournissent 13,7% et 52% des emplois respectivement (RGPH 2014). Le recul de la part de l’industrie dans le PIB, passée de 34% en 1988 à 31% en 2016, indique une faible transformation structurelle de l’économie guinéenne. Les forts investissements dans les industries extractives ces cinq dernières années devraient inverser cette tendance d’ici à 2022.

En 2017, les dépenses publiques (17,5% du PIB) ont été financées à 79% par les recettes publiques, à 12% par les emprunts, et à 9% par les dons

Les dépenses importantes en infrastructures réalisées au cours de la période récente ont contribué à creuser le déficit budgétaire. Le déficit budgétaire global (dons exclus) s’est aggravé de 1,3% du PIB en 2016 à 3,6% en 2017. Ce déficit devrait se réduire progressivement à 3,5% du PIB en 2018 et tendre vers 2,6% du PIB en 2022, grâce à une politique d’investissement plus orientée vers les partenariats publics-privés (PPP) et aux efforts du GdG pour veiller à une meilleure maîtrise de l’impact budgétaire de ces PPP.

En 2017, les recettes fiscales ont été mobilisées à hauteur de 12 443 milliards GNF contre 10 930 milliards GNF en 2016, soit une augmentation de 14%. Le taux de pression fiscale s’établit à 13,4% du PIB en 2017 avec 2,3% qui proviennent des recettes fiscales minières. En dépit d’une progression des recettes mobilisées, ses résultats demeurent éloignés du réel potentiel fiscal de la Guinée et du niveau moyen de pression fiscale en Afrique subsaharienne (16% du PIB). Cette situation s’explique en partie par un faible taux de contribuables et d’un contrôle fiscal inadapté.

Pour remédier à cette situation le GdG s’est engagé avec l’appui du Fonds monétaire international (FMI) dans un programme d’amélioration de la mobilisation de recettes intérieures en adéquation avec le potentiel fiscal du pays . En 2017, les dépenses publiques (17,5% du PIB) ont été financées à 79% par les recettes publiques, à 12% par les emprunts, et à 9% par les dons.

Les investissements publics, financés par des emprunts, ont porté le niveau d’endettement de 27,2% du PIB en 2012 à 37,2% en 2017. En décembre 2010, la Guinée a atteint le point d’achèvement de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE), ce qui s’est traduit par une réduction du taux d’endettement de 58,1% du PIB en 2011 à 27,2% en 2012 (Graphique 4).

D’importants emprunts contractés à partir de 2013, pour le financement des infrastructures énergétiques et routières structurantes et prioritaires, se sont traduits par une remontée progressive du ratio de la dette publique à 39,8% du PIB en 2016 avant de redescendre à 37,2% en 2017. La dette intérieure est passée de 9,3% du PIB en 2012 à 17,6% en 2017. Sur la même période la dette extérieure passait de 18% du PIB à 19,8%. Selon le FMI2 , la dette publique devrait rester en deçà du seuil fixé dans le cadre de convergence de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) qui est de 70% du PIB, jusqu’en 2022. L’analyse de la viabilité de la dette conduite par le FMI et la Banque mondiale, publié en octobre 2017, indique que le risque de surendettement du pays est modéré.

Le secteur privé est caractérisé par une forte prédominance du secteur informel qui représente environ 95,2% des emplois dans l’économie, dont la majorité se trouve dans le secteur agricole. Quant au secteur formel, il occupe 4,8% de la population active, essentiellement dans l’administration publique

Bien que le taux d’inflation ait été relativement maîtrisé, sa tendance récente montre une relative aggravation, passant de 7,3% en 2015 à 9,5% en 2017 en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires induite principalement par l’insuffisance de l’offre des légumes et du poisson sur le marché local. Selon les projections, la conduite d’une politique monétaire respectant le critère de convergence de la CEDEAO quant au financement du déficit budgétaire par la Banque centrale tout en alignant un taux d’intérêt réel positif, devrait permettre au taux d’inflation de baisser à 8% en 2018 et devrait se situer entre 6% et 8% entre 2019 et 2022.

Le cours du franc guinéen (GNF) ne cesse de se déprécier, passant de 1 797 GNF en 2000 à 9 088 GNF pour un dollar en 2017 suite notamment à un faible niveau de rapatriement des recettes d’exportation des produits miniers. Les réserves extérieures devraient augmenter grâce aux réformes en cours pour renforcer l’autonomie de la Banque centrale. Cette augmentation devrait contribuer à une plus grande stabilité du taux de change. Dans cette perspective, le taux de change pourrait se stabiliser autour de 8 500 GNF pour un dollar d’ici 2022.

La Guinée dispose d’un potentiel minier exceptionnel et possède notamment deux tiers des Réserves mondiales connues de bauxite. La plupart des grandes compagnies minières internationales telles RioTinto (Royaume-Uni/Australie), Alcoa (États-Unis), Vale (Brésil), AngloGoldAshanti (Royaume-Uni/Afrique du Sud) et Rusal (Russie) sont actuellement actives dans le pays

Le secteur privé est caractérisé par une forte prédominance du secteur informel qui représente environ 95,2% des emplois dans l’économie, dont la majorité se trouve dans le secteur agricole. Quant au secteur formel, il occupe 4,8% de la population active, essentiellement dans l’administration publique. Le crédit au secteur privé reste modeste, en raison des conditions de liquidité étroites des banques et de l’effet d’éviction créé par la forte demande d’investissement des secteurs public et parapublic.

En 2017, les crédits au secteur privé atteignaient 912,7 millions de dollars EU, contre 1,2 milliard pour le secteur public. Le rapport Doing Business 2018 de la Banque mondiale indique que la Guinée a progressé de 26 places au classement par rapport à l’édition 2012. Le pays occupe la 153è / 190. Cette avancée résulte principalement des réformes mises en œuvre en matière d’obtention du permis de construire et de facilitation de la création d’entreprises. Toutefois, le climat des affaires souffre encore du recul en matière de paiement d’impôts, de raccordement à l’électricité et du commerce transfrontalier (voir tableau 1). L’indice de perception de la corruption de Transparency International est de 27 en 2017 contre 24 en 2012 et classe la Guinée au 148ème rang sur 180 pays (voir annexes 6 et 9 sur la fragilité et le cadre fiduciaire).

La Guinée dispose d’un potentiel minier exceptionnel et possède notamment deux tiers des Réserves mondiales connues de bauxite. La plupart des grandes compagnies minières internationales telles RioTinto (Royaume-Uni/Australie), Alcoa (États-Unis), Vale (Brésil), AngloGoldAshanti (Royaume-Uni/Afrique du Sud) et Rusal (Russie) sont actuellement actives dans le pays. Avec une vingtaine de mégaprojets prévus pour les cinq prochaines années, plus l’accord de 20 milliards de dollars avec la Chine, le secteur minier devrait connaître un essor considérable dans les années à venir. Mais ce développement suscite autant d’attentes que de problèmes et de défis.

Le recentrage des activités sur l’extraction minière accentue la dépendance économique du pays et accroît sa vulnérabilité. L’exploitation minière est par ailleurs une activité génératrice de déchets toxiques et de conflits pouvant provoquer de fortes tensions sociales, comme à Siguiri, en 2015, et à Boké, en 2017. Ceux-ci sont aggravés et catalysés par les espoirs déçus, la demande de plus de transparence et de participation des communautés aux retombés de la croissance. Le défi de canaliser, réorienter l’activité minière et l’intégrer à l’économie pour une croissance inclusive et verte devient un impératif.

Les échanges commerciaux sont concentrés sur les produits miniers dont la part dans les exportations est passée de 74% en 2012 à 90% en 2017 et dont l’exploitation n’est pas assez. Les importations sont fortement dominées par les produits pétroliers et alimentaires dont la part sur la période 2012-2017 est de 23% et 19% en moyenne respectivement.

La Guinée participe activement aux efforts d’intégration régionale mais le niveau des échanges commerciaux avec la sous-région reste très faible. La Guinée applique depuis janvier 2017, le tarif extérieur commun (TEC) adopté par la CEDEAO en 2014. Les exportations vers la CEDEAO n’ont représenté que 0,5% du total de ses exportations en 2017 et destinées principalement au Ghana (89,1%), au Mali (5,8%) et au Sénégal (3,0%).

Les importations en provenance de la CEDEAO représentent 4,3% du total en 2017 et restent dominées par les produits ou pièces de rechange automobile (46,5%), suivis par ceux de l’industrie pétrolière (13,2%), des industries alimentaires et des boissons (11,1%), et par les machines et équipements (8,5%). Elles proviennent principalement du Sénégal (13,4%), de la Sierra Léone (10,5%), de la Côte d’Ivoire (9,9%), du Mali (3,0%) et du Ghana (2,4%).

 

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