Auteur : Human rights watch
Type de publication: Rapport
Date de publication: 2018
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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
Système judiciaire et conditions de détention
Le système judiciaire a continué de faire face à divers dysfonctionnements, notamment le manque de salles d’audience adéquates et d’autres infrastructures matérielles, ainsi que le manque de personnel pour mener des enquêtes et des poursuites pour les violations des droits humains et autres crimes.
Les prisons et les centres de détention guinéens fonctionnent bien en deçà des normes internationales, avec un surpeuplement important dû à une dépendance excessive à la détention préventive, à une gestion médiocre des affaires et à l’incapacité des tribunaux à siéger régulièrement. Le surpeuplement et les conditions de détention dans le plus grand centre de détention de Conakry, construit pour 300 détenus, ont continué de s’aggraver. Au moment de la rédaction de ce document, l’établissement accueillait environ 1 650 personnes.
Liberté de réunion
Le gouvernement a souvent interdit les manifestations populaires et de l’opposition, invoquant des risques pour la sécurité publique. Les forces de sécurité ont été régulièrement déployées pour dissuader les manifestants de se rassembler et ont souvent dispersé les manifestants au moyen de gaz lacrymogène et de canons à eau. Des leaders de la société civile ont intenté une action en justice pour contester l’interdiction des manifestations, affirmant qu’elle violait le droit à la liberté de réunion.
Liberté d’expression
Les menaces à la liberté des médias, qui se sont multipliées ces dernières années, se sont poursuivies en 2018 ; plusieurs journalistes ont été arrêtés puis libérés pour leur couverture critique du gouvernement, et plusieurs attaques ont eu lieu contre des institutions de presse ou des journalistes.
Lors d’une grève des enseignants en novembre 2017, le président Alpha Condé a averti que tout média offrant une couverture aux dirigeants syndicaux serait fermé. Deux jours plus tard, un gouverneur régional aurait fermé une station de radio pour avoir interviewé un dirigeant syndical, et deux journalistes auraient été brièvement détenus et interrogés par la police. Le 14 novembre, le régulateur de la presse a révoqué l’accréditation d’un correspondant de RFI après qu’il ait publié un article faisant état d’allégations selon lesquelles des militaires seraient responsables de l’assassinat de deux manifestants le 7 novembre.
En janvier, 10 coups de feu ont été tirés devant le domicile d’un journaliste, qui a déclaré avoir reçu des menaces de mort à cause de son travail, notamment pour un article faisant état de l’implication des forces de sécurité dans l’assassinat du chef du trésor en 2012. En mars, des sympathisants du parti au pouvoir à Conakry, mécontents de la couverture médiatique donnée aux détracteurs du gouvernement, ont saccagé les bureaux du groupe Hadafo Médias (propriétaire de la chaîne Espace TV et de la station de radio Espace FM), jetant des pierres sur le bâtiment et détruisant des voitures. En juin, un journaliste en ligne avait été arrêté à Conakry pour diffamation pénale, détenu pendant deux semaines et libéré sous caution pour avoir publié un article alléguant que le ministre de la Justice avait accepté des pots-de-vin.
Principaux acteurs internationaux
L’Union européenne, la France et les États-Unis sont restés des bailleurs de fonds importants, notamment dans le secteur de la justice et de la sécurité, et ont contribué à la médiation entre le gouvernement et l’opposition à la suite des élections locales controversées de février.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a organisé une formation à l’intention du pouvoir judiciaire et des forces de sécurité, mais a rarement dénoncé publiquement les violations des droits humains. Pramila Patten, la Représentante spéciale des Nations Unies sur les violences sexuelles en période de conflit, dont le bureau a continué de plaider en faveur de la responsabilité pour les viols et les crimes commis lors du massacre du stade de 2009, s’est rendue en Guinée en mars afin d’encourager les avancées de l’enquête. La Cour pénale internationale (CPI) a également continué de jouer un rôle positif important dans la promotion de l’enquête sur le 28 septembre 2009, par le biais de ses relations avec les autorités guinéennes.
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