Les entretiens de WATHI – Les régions de la Guinée
M. Lamah
M. Lamah est délégué scolaire adjoint de Taouyah dans la commune de Ratoma dans la région de Conakry.
Quel regard portez-vous sur la délégation scolaire de Taouyah ?
D’abord, il faut noter qu’il existe environ 600 établissements scolaires publics et privés dans la Commune de Ratoma. Ce qui en fait la commune qui compte le plus d’établissements scolaires du pays. Il y a aussi 16 délégations scolaires dans la Commune, parmi elles la Délégation de Taouyah qui comprend 18 établissements scolaires. Notre mission en tant que délégation scolaire est d’assurer le suivi et évaluation des établissements pour vérifier qu’elles soient conformes aux attentes du ministère de tutelle.
Quelles sont les difficultés auxquelles le secteur de l’éducation est confronté dans votre localité ?
Nous sommes confrontés à plusieurs difficultés qui entravent la qualité du système éducatif de la Guinée. Je peux vous dire que les défis à relever sont énormes. Le principal problème c’est que les gens font semblant de travailler, mais au fond ce n’est pas le cas. Les gens ne travaillent pas vraiment. Mais cela commence avec l’État qui ne met pas les gens dans les bonnes conditions pour travailler. Donc, à leur tour les gens aussi font semblant.
Ce qui explique les grèves successives qui ont perturbé les cours ces dernières années, avec le Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) dirigé par Aboubacar Soumah. Le président de la République l’a reçu pour entendre les revendications, mais jusqu’à présent ce n’est pas tout à fait réglé.
Les conséquences liées à cette situation de manque de sérieux sont le faible taux d’admission des élèves aux examens nationaux. Là aussi, on doit insister car le très faible taux dans le public c’est parce que ce secteur est presque à l’abandon. Il y a aussi le suivi et l’encadrement qui sont faibles. La forte présence des nouvelles technologies (téléphones surtout) dans les classes, empêche aux enfants de bien travailler. On aurait pu les exploiter pour mieux former, mais l’Etat n’a pas encore mis une place une politique pour les intégrer dans l’éducation.
Quelles sont les pistes de solution pour améliorer le secteur de l’éducation dans la région ?
Parlant des pistes de solution, on doit commencer par mettre les enseignants et encadreurs dans de bonnes conditions matérielles et financières. Il faut augmenter les salaires parce que le coût de la vie devient plus élevé chaque année. Le matériel didactique doit être renforcé pour mieux qualifier les enseignements et apprentissages.
On doit aussi améliorer les conditions sociales du personnel de l’éducation en proposant par exemple des prises en charge pour le logement et la santé ou construire tout simplement des logements sociaux. Les loyers et les soins de santé sont très couteux à Conakry et surtout dans la zone de Taouyah, donc les autorités doivent revoir cela.
Enfin, il faudrait que les capacités du personnel (éducateurs, enseignants) soient renforcées à travers la formation continue, parce que certains n’ont pas un bon niveau ou ont besoin d’actualiser leurs connaissances. Si tout cela est fait, le secteur de l’éducation dans notre zone et d’ailleurs sur le plan national pourra connaitre une amélioration.
Crédit photo : maguineeinfos.com
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