République de Guinée, L’emploi, la productivité et l’inclusion des jeunes, Banque mondiale

République de Guinée, L’emploi, la productivité et l’inclusion des jeunes, Banque mondiale

Auteur : Banque mondiale

Type de publication: Note de politique

Date de publication: 2019

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Les tendances socioéconomiques en Guinée sont liées, d’une large part, à son inclusion dans les marchés globaux extractifs depuis son indépendance. La population guinéenne, estimée à 12,7 millions d’habitants en 2017, est relativement jeune comme d’autres pays de la région de l’Afrique de l’Ouest, vu que 60% de la population a moins de 24 ans. Avec un taux de pauvreté qui s’élève à 57,7% en 2017, le défi de mieux investir dans cette jeunesse pour accélérer la réduction de pauvreté reste énorme. En 2016 et 2017, la croissance économique s’est redressée après une période de stagnation, de 3,8% en 2015 à 6,7% en 2017 (ajusté à 10,6%), mais la productivité et l’emploi restent modeste.

Ce redressement a été dû à l’effet d’une poussée de l’activité minière, l’investissement et l’activité dans le secteur minier augmentant avec la gouvernance du secteur et hausse des prix des produits de base. A partir de 2017, la croissance économique du pays était largement tributaire des services (49% du PIB), suivie de l’industrie et de la fabrication, notamment l’exploitation minière (37%), et de l’agriculture (10%) en 2015 puis de la productivité totale des facteurs. 

Le taux de pauvreté le plus élèvé se trouve parmi les travailleurs agricoles (66%), suivi des travailleurs des secteurs privés informel ou formel en commerce, entreprises, ou industrie (36%) et le secteur public (25%)

Bien que la majorité de la population soit active, leurs emplois restent vulnérables ; leurs revenus trop faibles pour échapper à la pauvreté à cause de la faible productivité. Le taux de pauvreté le plus élèvé se trouve parmi les travailleurs agricoles (66%), suivi des travailleurs des secteurs privés informel ou formel en commerce, entreprises, ou industrie (36%) et le secteur public (25%).

Bien que le taux de participation (65%) en Guinée corresponde au taux moyen en Afrique subsaharienne, la majorité de ces emplois sont précaires et plus vulnérables qu’ailleurs. Le taux de couverture de sécurité sociale est approximativement de 5% en Guinée, dont une moitié des contributeurs travaille dans le secteur privé et une moitié dans le secteur public. Les tendances de l’emploi en Guinée semblent celles d’autres pays de la région, avec un taux du travail informel élevé. Depuis 2016, on dénombre environ 52% des emplois dans le secteur agricole, suivi de 34% en commerce et 14% en industrie et manufacture.

Le Plan National de Développement Economique et Social (PNDES) 2016-2020 de la Guinée souligne la nécessité de politiques plus fortes au niveau sectoriel, en particulier dans les services à forte valeur ajoutée, le commerce et les chaînes de valeur agricoles. En revanche, l’amélioration de la productivité de ces emplois serait le déclencheur de la réduction de pauvreté.

La Guinée comptait 3,4 millions actifs occupés en 2014 selon les données nationales, qui s’élève à 4.7 millions en 2017 et 2018 selon les dernières estimations2, dont 56% masculin et 44% féminin

Le défi de l’emploi des jeunes guinéens est caractérisé par un contexte macroéconomique à faible croissance des secteurs promoteurs d’emploi et des déséquilibres en termes du capital humain. La majorité de la population a un niveau d’éducation faible. Avec un taux d’alphabétisation de 32% en 2018, la trajectoire économique du pays depuis vingt ans n’ont pas réussi a augmenté ce taux significativement depuis 1996, lorsque le taux était 20%. En comparaison avec d’autres pays, l’investissement en capital humain en Guinée est relativement faible par rapport à la formation de capital fixe brute. Le potentiel de réduire la vulnérabilité de leurs emplois reste limité en absence d’un investissement humain innovatrice.

La Guinée comptait 3,4 millions actifs occupés en 2014 selon les données nationales, qui s’élève à 4.7 millions en 2017 et 2018 selon les dernières estimations2, dont 56% masculin et 44% féminin. A cette valeur des actifs occupés correspond un taux d’emploi global de 59%, soit 65% en 2017 et 2018 selon les dernières estimations (Graphique ES-1). En comparant ce nombre aux 3,3 millions actifs occupés recensés en 1996, la Guinée est en face d’une hausse très faible de cette population (taux d’accroissement moyen annuel de 0,14%).

Ce taux d’emploi global est en recul par rapport à celui de 1996 qui est de 62,5%. Cette évolution transparaissait déjà dans la très faible augmentation de la population active occupée. Par rapport au genre, le taux de participation des femmes au monde du travail reste faible. Les données du RGPH 2014 montrent également qu’il existe une différence non négligeable entre le taux d’emploi des hommes et celui des femmes. En effet, le taux d’emploi des hommes qui se situe à 72,1% est largement supérieur à celui des femmes qui ne dépasse pas les 47,7% .

Malgré que le taux de chômage reste faible, les revenus des emplois restent trop bas pour faire sortir les ménages des conditions de vie précaires. Les données du RGPH 2014 montrent que le taux de chômage3 est de 5,2%. Ce taux a connu une hausse substantielle par rapport à son niveau de 1996 qui était de 1,6%. Ce taux de chômage cache des disparités entre genre, milieux de résidence et régions du pays . Ainsi, Il est sensiblement plus élevé chez les hommes (6,3%) que chez les femmes (3,9%). Il est de 11,1% en milieu urbain contre seulement 2,25% pour le milieu rural. Par région, on note une opposition très marquée entre Conakry (13%) 4 et l’ensemble des autres régions qui ont des taux inférieurs à 5%. Les régions de Faranah (2,4%) et Labé (2,5%) qui présentent les taux les plus faibles. 

Le sous-emploi « spécifique » en Guinée s’élève à 11,8 %, mais la qualité de l’emploi en termes de la productivité du travail qui reste largement faible, vu que le taux du secteur informel représente un sous-emploi « réel » de 76 %

Comme convenu, les plus vulnérables et moins qualifiés sont les plus actifs et la majorité de la force du travail. La création des emplois de bonne qualité dans les secteurs industriels reste trop faible pour absorber les travailleurs plus qualifiés. L’une des caractéristiques les plus importantes du taux de chômage qui est le niveau scolaire. Premièrement, les données montrent effectivement que le taux de chômage croit avec le niveau scolaire. Elles montrent également que la situation des actifs de niveau professionnel, technique (27,7%) et supérieur (34,7%) est beaucoup plus préoccupante. La seconde caractéristique est relative à l’âge des actifs. Le chômage frappe plus fortement les jeunes (plus précisément les groupes d’âge situés entre 15 et 30 ans.

Le sous-emploi « spécifique » en Guinée s’élève à 11,8 %, mais la qualité de l’emploi en termes de la productivité du travail qui reste largement faible, vu que le taux du secteur informel représente un sous-emploi « réel » de 76 %. L’analyse par branche d’activité montre que c’est l’administration publique qui joue le premier rôle avec une part de la rémunération totale des salariés de 19,08 %.

Le sous-emploi « spécifique » en Guinée s’élève à 11,8 %, mais la qualité de l’emploi en termes de la productivité du travail qui reste largement faible, vu que le taux du secteur informel représente un sous-emploi « réel » de 76 %

En seconde position on retrouve les activités extractives avec 15,30%. Les six premières branches de production par ordre d’importance (Administration, Activités extractives, Construction, Hôtel et Restaurant, Commerce et Réparation et Education) paient un peu moins des 3/4 (72,77%) de l’ensemble de la rémunération des salariés. La première place occupée par l’Administration publique dénote, d’une manière générale, de la faible attractivité du secteur privé.

Les activités extractives sont en dehors de cette logique puisqu’elles sont dans une tendance fortement haussière. La dernière place revient aux Activités à caractère collectif ou personnel. En termes des salaires moyens, l’analyse confirme l’attractivité des activités extractives (48,48 millions de Francs Guinéen), de l’Administration publique (20,80 millions de Francs Guinéen), et de la branche des entreprises privés dans la Construction (16,86 millions de Francs Guinéen), puisque ces branches d’activité se retrouvent parmi les plus hauts niveaux des salaires moyens annuels. En outre, la masse salariale publique restait stable et modeste depuis 2010.

 

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