Auteurs : Simon Pierre LAMAH, Koly BEAVOGUI et Koly Propspère GUILAVOGUI
Organisation affiliée : Afrique Science
Type de publication : Article
Date de publication : 2020
Lien vers le document original
*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
Vulnérabilité dans le Bassin Versant du Diani
L’augmentation de la consommation des ressources naturelles soulève des interrogations importantes liées à la vulnérabilité et aux risques climatiques futurs. Ainsi, plusieurs cas de dégradations sérieuses de l’environnement, sont causés par l’exploitation des énergies fossiles, des minerais et autres ressources. Dans le bassin versant de Diani, des activités anthropiques favorisent la forte dégradation de l’écosystème et de l’environnement en général. Ce sont entre autres :
- L’agriculture sur brulis et la coupe abusive du bois. Pratiquées par la majorité des habitants, elles favorisent la destruction et la fragilisation du sol, ainsi que la perturbation du régime hydrologique dans le Bassin.
- L’extraction des matériaux locaux Les activités d’extraction des matériaux locaux, pratiquées dans les fleuves du Bassin Versant de Diani, ainsi que l’orpaillage artisanal dégagent les lits des cours d’eau en partie et accélèrent le phénomène d’érosion et de sédimentation de ces fleuves. Ce qui augmente les risques d’ensablement des lits.Par ailleurs, l’extraction de l’or dans les villages de Kéréma et de Tokpata, bien que non poursuivie, a laissé des séquelles en termes de destruction de l’environnement.
- L’implantation anarchique des habitations. Dans la zone, les habitants construisent parfois leurs habitations le long des cours d’eau (en aval du pont Diani par exemple, voir Figure 5 ). Ce qui favorise fortement la dégradation des berges, pouvant contribuer ainsi à l’obstruction des lits des cours d’eau.
- L’élevage extensif. Cette activité est beaucoup pratiquée au Nord du Bassin, dans la sous-préfecture de Vasséridou, préfecture de Macenta (Figure 6). Elle contribue également à la dégradation des forêts, de la biodiversité et par extension, de tout l’environnement. Toutes les pratiques mentionnées ci-haut augmentent les risques d’érosion des rives et d’ensablement du lit des cours d’eau.
Adaptation
L’analyse des données montre que les paysans perçoivent clairement les changements du cycle des précipitations. Environ 70 % des paysans de l’échantillon estiment que lecycle pluviométrique achangé avec pour principales manifestations la baisse des précipitations (25 %), le dérèglement de la saison des pluies (18 %), la plus grande fréquence de poches de sécheresse durant le cycle végétatif des cultures (12 %) et la baisse de la production agricole (15%).
La population est très dense cette zone (41,9habitants par kilomètre carré) et exerce une pression sur les terres agricoles aboutissant àune dégradation des sols qui rend plus perceptible la baisse des précipitations. Ce qui engendre des poches de sécheresse en certaine période de l’année et expose les sols aux processus d’érosion éolienne et hydrique entraînant le départ de la partie arable et fertile des sols et entraîne notablement une baisse de leur productivité. L’agriculture sur brulis, la coupe abusive des bois pour la carbonisation et la commercialisation sont entre autres les causes du changement des précipitations évoquées par les enquêtés dans cette zone. Ainsi, suite à l’enquête menée auprès des paysans, nous nous sommes rendus compte que certaines stratégies d’adaptation au changement des périodes de précipitations étaient pratiquées mais non révélées tandis que d’autres étaient méconnues des paysans.
L’augmentation de la consommation des ressources naturelles soulève des interrogations importantes liées à la vulnérabilité et aux risques climatiques futurs. Ainsi, plusieurs cas de dégradations sérieuses de l’environnement, sont causés par l’exploitation des énergies fossiles, des minerais et autres ressources
Adaptation variétale. Elle est pratiquée par environ 45 % des exploitants de l’échantillon. Du fait de la plus grande vulnérabilité de cette zone à l’abaissement pluviométrique, de nouvelles variétés ou améliorées (riz et mais), à potentiel de rendement acceptable sont cultivées. Lesvariétés à cycle court sont plus adaptées dans le Bassin Versant de Diani. L’adaptation variétale est d’autant plus importante que des projets de développement se sont imposé lanécessité d’intensifier la production agricole dans cette zone en vue de satisfaire cette population.
L’utilisation des techniques de Conservation des Eaux etdes Sols (CES) Ces techniques permettent de conserver les eaux et les sols et de restaurer la fertilité des sols (digues, diguettes et cordonspierreux). L’utilisation des techniques de CES croît avec la vulnérabilité du milieu. Elle dépend des caractéristiques du paysage. Lesdigues sont utilisées en traitement des ravins, tandis que le choix de la diguette ou du cordon pierreux dépend de la topographie.
Utilisation de la fumure organique Elle consiste en un apport de fumier et/ou de compost. Certains paysans (5 %) parquent les animaux dans leurs champs pour profiter des déjections. La dégradation des sols est plus ressentie par les paysans de cette zone entrainant une baisse de la productivité agricole. C’est pourquoi la fumure organique doit être utilisée en réponse à la baisse de la fertilité et révélée aux paysans comme une stratégie d’adaptation au changement du cycle des précipitations.
La population est très dense cette zone (41,9habitants par kilomètre carré) et exerce une pression sur les terres agricoles aboutissant àune dégradation des sols qui rend plus perceptible la baisse des précipitations
Modification de la date de semis. La date des semis et la durée de la saison pluvieuse sont deux paramètres essentiels pour l’agriculture pluviale, car ils déterminent, d’une part, la date de semis et donc la position des cycles culturaux, et, d’autre part, la durée de la période pendant laquelle les cultures peuvent bénéficier des précipitations. Suite au dérèglement de la saison des pluies, les paysans modifient les dates de semis afin de réaliser le cycle des cultures pendant une période favorable. Les semis précoces permettent d’éviter les effets des arrêts précoces des pluies. Environ 25 % des exploitants enquêtés utilisent cette stratégie.
Utilisation des bas-fonds Pratiquée par 30% des exploitants, les paysans utilisent de plus en plus les bas-fonds naturellement rizicoles pour la culture de riz en saison pluvieuse et le maraîchage en saison sèche.
Autres stratégies d’adaptation La diversification des cultures et des activités, pratiquée par 15 % des exploitants ainsi que l’irrigation non pratiquée mais révélée aux exploitants enquêtés sont des stratégies d’adaptation faiblement utilisées par les paysans.
Commenter