À l’avenir, les universités publiques et privées doivent davantage miser sur la formation à distance

À l’avenir, les universités publiques et privées doivent davantage miser sur la formation à distance

Les entretiens de WATHI – Les régions de la Guinée

Mamadou Alimou Bah

Mamadou Alimou Bah est politiste, il est le chef de département à l’Université Nongo Conakry de Guinée (UNC)

Quelles sont les difficultés que rencontrent les universités privées ?

Pendant une dizaine d’années les universités privées fonctionnaient à travers le vivier de bacheliers orienté par l’Etat dans celles-ci, faute de places suffisantes dans les universités publiques. Mais depuis 2017, soit 3 ans de cela, ce n’est plus le cas. L’Etat oriente désormais tous les bacheliers et étudiants dans le public, ce qui fait que les étudiants du privé le sont à leur propre compte et non plus à celui de l’État.

C’est un coup de massue pour les universités privées qui ont vu leurs effectifs chuter considérablement, beaucoup ayant d’ailleurs mis la clef sous la porte. Les offres financières des universités privées n’étant pas accessible à tous, cela a conduit également à la réduction des effectifs.

Les universités publiques font par ailleurs une sorte de concurrence déloyale aux universités privées, en absorbant non seulement ces étudiants pris en charge par l’Etat, mais le public propose de plus en plus des offres de formation payantes. C’est le cas surtout pour le Master et le Doctorat où les frais de scolarité sont quasiment les mêmes que dans le privé.

Quel est l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur les universités privées ?

Il y a eu plusieurs ressentis de la pandémie de la Covid-19 sur le secteur de l’éducation. Entre autres, on peut citer l’arrêt des cours pendant 3 à 4 mois. Malheureusement, il n’y avait pas d’anticipation ou de préparation pour faire face à l’arrêt brusque des cours, en proposant par exemple des formations à distance. Il a fallu un peu de temps pour que les universités soient en mesure de proposer des cours en ligne.

Dans l’ensemble, les cours ont repris au mois de juillet 2020, une grande difficulté s’est posée alors pour l’achèvement des programmes, en deux ou trois mois. Le personnel d’encadrement ainsi que les étudiants étaient sous pression, avec les mesures sanitaires à respecter, le risque de contagion et la nécessité d’achever les programmes. Il faut aussi noter « qu’ une crise financière » a affecté tout le monde y compris les parents des étudiants. Il a été difficile pour beaucoup d’entre eux de s’acquitter des frais de scolarité et pour les établissements, de combler le déficit budgétaire.

Quelles sont les pistes de solution pour améliorer la situation des universités privées ?

Parmi les pistes de solutions, il faudrait que les universités privées se préparent désormais à ce type de défis en misant davantage sur la formation à distance ; mettre en place des plateformes numériques pour des cours en ligne ; l’Université Nongo Conakry (UNC) et d’autres universités ont pu y faire face à un moment donné, il faut que cela soit renforcé pour une plus grande résilience.

Sur les autres difficultés, comme la réduction des effectifs par l’arrêt des orientations de l’Etat, il conviendrait que l’Etat passe par l’Agence nationale d’assurance qualité (ANAQ) pour nouer des partenariats avec les universités disposant de programmes crédibles et efficients afin de contribuer à former la masse d’étudiants guinéens. D’un autre coté, les universités privées doivent travailler à offrir de nouvelles offres de formation, originales et ciblées. Elles doivent miser davantage sur les offres de formation professionnelles et post-licence (Master et Doctorat).


Crédit photo : mosaiqueguinee.com

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