Dans la région de Labé, il faut insister sur une appropriation communautaire des questions de santé

Dans la région de Labé, il faut insister sur une appropriation communautaire des questions de santé

Les entretiens de WATHI – Les régions de la Guinée

Mamadou Houdy Bah

Dr Mamadou Houdy Bah est médecin de santé publique, il est le directeur régional de la santé de la région de Labé

Quel regard portez-vous sur le secteur de la santé dans la région ?

Tout d’abord, il faut noter que la région sanitaire de Labé est composée de cinq zones : Labé, Lélouma, Mali, Koubia et Tougué. Au total, la région dispose de 58 centres de santé, plus de 300 postes de santé ; 5 hôpitaux dont un hôpital régional de référence. On peut dire que le secteur se porte bien dans la région. Nous faisons partie des premiers services régionaux en matière de personnel, d’activités et de résultats. Cela est dû à l’appui de l’État et des partenaires.

Là où nous avons des problèmes, c’est au niveau de la population, notamment dans le cadre de la mobilisation sociale pour les activités préventives. C’est l’exemple de la vaccination, la consultation prénatale, l’accouchement, la planification familiale, etc. Ce sont des situations qui dépendent directement de la communauté. Dans ces cas-là, c’est à la communauté d’assister le secteur de la santé.

Sur le plan curatif, nous réussissons à prendre en charge la plupart des maladies qui couvrent la région. A titre d’exemple, sur la pandémie de la Covid-19, plus de 200 personnes testées positives ont été suivies dans la région, avec seulement 4 cas de décès. C’est dire que la région se positionne parmi les plus appréciables du pays en termes de résultats.

Quel est votre rôle dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 dans la région ?

A la suite du premier cas de Covid-19 en Guinée, un plan régional de riposte intégrant les différents secteurs a été adopté. Le Gouverneur de la Région a été mis à la tête de la coordination ; tous les partenaires de la région ont été impliqués ; plusieurs activités ont été planifiées et réalisées ; d’importantes ressources ont été ainsi mobilisées en faveur notamment de la sensibilisation de la population.

Pour la prise en charge des cas éventuels, des comités préfectoraux et sous-préfectoraux de lutte contre la pandémie de la Covid-19 ont été mis en place dans toutes les préfectures et sous-préfectures. Tout cela chapeauté par le Comité régional de riposte contre la la Covid-19. Dans chaque préfecture, un CT-Epi est installé. L’appui des partenaires a permis d’accompagner la formation des agents et la mise à disposition de médicaments.

Quelles sont les difficultés auxquelles le secteur de la santé est confronté dans la région ?

La principale difficulté rencontrée est liée à la couverture sanitaire universelle ; nous sommes une région de faible densité, et les villages sont souvent éloignés des centres de santé avec une accessibilité très faible. Il est difficile de déplacer des agents de santé dans ces zones, de même que l’envoi des services de santé.

Dans ces conditions quand on envoie une équipe de vaccination dans un district composé de plusieurs villages, elle est souvent obligée de faire le tour des villages pour toucher le maximum d’enfants. Tout cela est dû au fait que la distance empêche aux parents de se déplacer avec les enfants pour retrouver l’équipe de vaccination au siège du district. Quand un agent est muté dans ces zones comme Fello Koundo ou Balaki, il rencontre d’énormes difficultés liées essentiellement à la mauvaise qualité des routes, très souvent impraticables.

Quelles sont les pistes de solution pour améliorer le secteur de la santé dans la région ?

Parmi les pistes de solution, il faut insister sur l’appropriation communautaire du secteur de la santé. Aujourd’hui, il y a plusieurs activités de santé qui sont dévolues à la communauté. Cela devrait permettre de contourner les difficultés locales. Nous sommes en train de faire en sorte que le maire de la commune, le président de district, le chef de secteur s’approprient et s’occupent des questions de santé de leur population, participent aux activités curatives et sensibilisent la population pour aller vers les activités préventives.

Quand l’Etat envoie des moyens, il faudrait que ces décideurs locaux puissent les utiliser pour améliorer la situation sanitaire de la population. Il faut aussi relever l’appui des partenaires qui pourrait être renforcé dans le domaine de la formation, de l’équipement des structures, et de la motivation du personnel pour mieux faire face aux difficultés.

Par ailleurs, il y a moins de problème dans les communes urbaines. A Labé par exemple, il y a l’accessibilité, et le niveau de vie est acceptable. Toutefois, il faut noter que là aussi la population adhère difficilement aux activités préventives : la région est classé dernière en matière de planification et de vaccination, dû à des facteurs traditionnels et religieux.


Crédit photo : aminata.com

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