La ville de Kouroussa doit adopter des habitudes adaptées au changement climatique

La ville de Kouroussa doit adopter des habitudes adaptées au changement climatique

Les entretiens de WATHI – Les régions de la Guinée

Mory Camara

Mory Camara est restaurateur dans la ville de Kouroussa, il est également activiste des droits humains

Quel regard portez-vous sur le secteur environnemental dans la ville de Kouroussa ?

J’habite dans la ville de Kouroussa (préfecture de la région de Kankan), bourgade d’environ 45 000 âmes, située à environ 480 km de Conakry, la capitale. C’est une ville qui est traversée par le fleuve Niger. Déjà l’une des premières choses qui est frappantes concernant Kouroussa, ce sont les berges, qui sont de moins en moins arborées ; une partie de ces berges est utilisée à la fois pour l’agriculture et l’l’élevage.

On remarque aussi au niveau du fleuve un certain ensablement ; par le passé, il semblerait que les anciens avaient pour habitude de désensabler les lits du fleuve, sauf que depuis quelques années ce n’est plus le cas.

A l’intérieur, dans la ville elle-même, il y a de moins en moins d’essences sauvages. Il y a quelques vergers, des manguiers très âgés. Au sortir de la ville, l’autre constat frappant en allant vers Kankan, c’est le manque de pancartes indiquant les zones réservées. En allant vers Kankan je n’ai jamais remarqué ce type de pancartes sur le trajet.

L’autre aspect, c’est la coupe abusive du bois. Tout le long du trajet, les bordures de route sont nues, les arbres sont coupés dans leur écrasante majorité. Un troisième aspect peu relevé, est le fait que Kouroussa est une zone minière (certes pas majeure), mais on ne voit pas de programme visant à réhabiliter le couvert végétal détruit par l’orpaillage. Les compagnies minières installées dans les villes environnantes ne semblent pas non plus se soucier de cette question d’impact environnemental.

Une autre réalité à ne pas perdre de vue, est bien le recul de la faune. Vu que la flore est détruite, cela occasionne irrémédiablement le recul de la faune. L’habitat des animaux est détruit et souvent remplacé par un autre habitat, celui de l’homme qui prend le dessus. En termes environnementaux, on peut parler de déséquilibre des écosystèmes et de bouleversements, communément appelés changement climatique. Non seulement la ville de Kouroussa n’est pas à l’abri de ces phénomènes, mais surtout elle n’est pas préparée à y faire face. La problématique de l’eau n’est pas non plus à négliger, une ressource qui n’est pas exploitée de manière efficiente.

Face à tout cela, il est encore temps de mettre en place des mesures pour pouvoir protéger l’environnement. Il faut reboiser, et sensibiliser sur les nouvelle habitudes à avoir ; des habitudes adaptées au changement climatique, afin d’éviter à la ville de Kouroussa d’être confrontée dans quelques années au pire.

Que pensez-vous des conditions d’amélioration des droits humains dans la région ?

Pour ce qui est des droits humains, il s’agit en réalité d’un problème qui n’est pas circonscrit à la ville de Kouroussa ou la région de Kankan. C’est un problème qu’on rencontre à travers tout le pays. Aujourd’hui, l’une des meilleures solutions pour le respect des droits humains, il faudrait que des reformes soient faites et que les règles édictées soient respectées par tous. Il n’y a pas mille façons de pouvoir parvenir à quelque chose aujourd’hui si ce n’est de faire respecter les textes et les mettre en application.

Comment avez-vous été impacté par la pandémie de Covid-19 ?

S’agissant de l’impact de la Covid-19, il faut dire que nous avons été frappés de plein fouet par les mesures prises par les autorités afin de freiner la propagation de la maladie à travers le pays. Économiquement, nous en avons beaucoup souffert. Nous peinons encore à nous en remettre, ce n’est pas facile, mais disons que les choses reviennent à la normale de façon progressive. L’autre réalité, c’est que la conjoncture économique actuelle au niveau mondial est négative, donc nous sommes obligés de nous adapter en attendant de voir de meilleurs jours.


Crédit photo : http://kouroussa.org/

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