Auteurs : Stéphane Maltais, Maciré Sylla, Maryma Saar, Sani YAYA
Site de publication : Fondation croix rouge française
Type de Publication : Rapport
Date de publication : Juin 2023
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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
Introduction
Un consensus a émergé du Sommet humanitaire d’Istanbul en 2016 selon lequel l’humanitaire devrait être local dans la mesure du possible et international selon ce qui est nécessaire. Le Sommet a souligné l’importance d’adopter une approche localisée dans l’aide internationale afin de renforcer la résilience des États pour répondre aux crises sur leur territoire. Pour ce faire, des engagements en matière de renforcement de capacités et de financements plus directs ont été pris par les participants au Sommet. On a d’ailleurs rappelé l’importance que les acteurs locaux ont dans la prévention, la préparation et les interventions lors des crises.
La pandémie de COVID-19 a eu des impacts réels sur les actions humanitaires à l’échelle internationale. On a dénoté des répercussions sur la demande humanitaire et le financement octroyé6 ainsi que les capacités logistiques7. Cependant, on a également remarqué la résilience des ONG impliquées ainsi qu’un renforcement des pratiques de localisation de l’aide.
Cadre théorique
« L’aide internationale est une assistance volontaire fournie à des pays étrangers ou à des populations étrangères » et peut être octroyée sous forme de dons en argent ou en nature, de prêts à des taux préférentiels ou d’annulation de dettes. Lorsqu’on parle de la localisation de l’aide internationale, on fait généralement référence « à la volonté de penser et de porter les actions d’urgence et de développement à partir des acteurs se trouvant au plus près du terrain. Une aide plus proche, une aide sans intermédiaires ».
Concept de localisation de l’aide internationale
Au sujet des financements obtenus par les structures nationales ou locales pendant la COVID-19, les résultats montrent que les ressources n’ont pas été à la hauteur de celles pendant la première épidémie d’Ébola. Pour les financements importants provenant de partenaires internationaux aux institutions nationales, ils doivent maintenant passer par une structure centralisée pour s’assurer d’une bonne gestion de ceux-ci. Par exemple, un acteur local a affirmé que :
Les organisations multilatérales traitent avec l’État […]. Une partie fait passer par l’Unicef ou l’OMS directement, c’est très souvent ça et, mais une bonne partie aussi revient à l’État. […] Il y a d’autres partenaires comme les institutions, les Américains. Le plus souvent, ils passent par USAID et des ONG internationales […] qui répondent à leurs critères et qui viennent travailler avec l’État. Mais essentiellement c’est l’alignement qu’on connaît au Sud.
Depuis la première épidémie d’Ébola, la Guinée a acquis une expérience notable et a pu renforcer tous les secteurs de la réponse comme la surveillance, la prise en charge ou encore la communication
Présence des acteurs locaux
Plusieurs acteurs rencontrés ont rappelé le rôle important des acteurs locaux pour réduire les perceptions erronées auprès des communautés. Un acteur local a lui-même rappelé qu’ En Guinée, les acteurs locaux sont fortement impliqués dans la riposte contre les virus prévus. Ébola Les ressortissants des communautés et des préfectures touchées sont toujours impliqués. Les leaders communautaires sont impliqués et les agents communautaires […], Les personnes d’opinion sont impliquées dans la riposte, donc il n’y a pas de souci à ce niveau.
Impacts de la COVID-19 sur l’aide internationale en Guinée
L’ensemble des personnes rencontrées s’accorde pour dire que la COVID-19 n’a pas eu un impact significatif sur la quantité ou la qualité de l’aide internationale. En fonction des secteurs où elles interviennent, certaines personnes rencontrées ont mentionné avoir eu un peu moins d’aide que lors d’autres crises puisque les pays donateurs étaient pris avec la pandémie aussi dans leur pays.
Par exemple, on affirme que « lorsque les capacités des gouvernements doivent être complétées par les organisations humanitaires internationales […], il convient de réformer les financements humanitaires afin de les rendre plus équitables, prévisibles, souples et accessibles aux acteurs locaux »41 ce qui ne semble pas le cas actuellement en Guinée
Depuis la première épidémie d’Ébola, la Guinée a acquis une expérience notable et a pu renforcer tous les secteurs de la réponse comme la surveillance, la prise en charge ou encore la communication.
Deuxième constat : Les acteurs locaux sont essentiels
Les résultats ne montrent pas spécifiquement une réduction des barrières pour permettre de mieux développer des partenariats avec les acteurs locaux, mais montrent tout de même un plus grand rôle des institutions nationales dans la coordination des parties prenantes impliquées. On a reconnu, à quelques reprises chez les répondants, une plus grande place de l’ANSS dans la gestion des épidémies et un meilleur leadership ce que confirme d’autres études menées. Quelques personnes rencontrées ont d’ailleurs remarqué une meilleure collaboration entre les institutions nationales comme le ministère de la Santé et l’ANSS ce qui présente une perspective différente d’autres études.
Troisième constat : Peu d’impacts de la COVID-19 sur l’aide en Guinée
En termes d’appui international, les résultats montrent que les partenaires internationaux déjà impliqués dans la réponse aux épidémies en Guinée ont maintenu leur appui technique et financier. Dans le cas à l’étude, il n’y a pas eu de retrait massif de partenaires ce qui rejoint certaines études qui ont montré que l’arrêt des activités humanitaires a rarement été rapporté pendant la COVID-19.
Toutefois, l’imprévisibilité du financement mentionnée dans les résultats vient à l’encontre des bonnes pratiques liées à la localisation de l’aide. Par exemple, on affirme que « lorsque les capacités des gouvernements doivent être complétées par les organisations humanitaires internationales […], il convient de réformer les financements humanitaires afin de les rendre plus équitables, prévisibles, souples et accessibles aux acteurs locaux »41 ce qui ne semble pas le cas actuellement en Guinée.
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